Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélie 75, 1 ; PG 59, 403-405.

Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements (Jn 14,15-18). Je vous ai donné ce commandement de vous aimer les uns les autres, de pratiquer entre vous ce que moi-même ai fait pour vous. C’est cela l’amour : obéir à ces commandements, et ressembler à celui que vous aimez. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur. Nouvelle parole, pleine de délicatesse. Parce que les disciples ne connaissaient pas encore le Christ d’une manière parfaite, on pouvait penser qu’ils regretteraient vivement sa société, ses entretiens, sa présence selon la chair, et que rien ne pourrait les consoler de son départ. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur, c’est-à-dire : un autre tel que moi. <>

C’est quand le Christ les eut purifiés par son sacrifice que l’Esprit Saint descendit en eux. Pourquoi n’est-il pas venu pendant que Jésus était avec eux ? Parce que le sacrifice n’avait pas été offert. C’est seulement lorsque le péché eut été enlevé et que les disciples furent envoyés affronter les périls du combat, qu’il leur fallut un entraîneur. Mais alors, pourquoi l’Esprit n’est-il pas venu aussitôt après la résurrection ? Afin qu’ayant un plus vif désir de le recevoir, ils l’accueillent avec une plus grande reconnaissance. Tandis que le Christ était avec eux, ils n’étaient pas affligés ; lorsqu’il fut parti, leur solitude les plongea dans une crainte profonde ; ils allaient donc accueillir l’Esprit avec beaucoup d’ardeur.

Il sera pour toujours avec vous. Cela signifie clairement qu’il ne vous quittera jamais. Il ne fallait pas qu’en entendant parler d’un Défenseur, ils imaginent une seconde incarnation et espèrent la voir de leurs yeux. Il rectifie donc leur pensée en disant : Le monde est incapable de le recevoir parce qu’il ne le voit pas. Car il ne sera pas avec vous de la même manière que moi, mais c’est dans vos âmes qu’il habitera, comme le signifient ces paroles : Il est en vous. Et il l’appelle l’Esprit de vérité parce qu’il leur fera connaître le vrai sens des préfigurations de la Loi ancienne.

Il sera pour toujours avec vous. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ce qu’il dit de lui-même : Voici que je suis avec vous. Mais d’une façon différente, et il insinue que le Défenseur ne souffrira pas comme le Christ, et que lui ne vous quittera pas. Le monde est incapable de le recevoir parce qu’il ne le voit pas. Quoi donc ? Serait-il visible pour les autres ? Nullement. Il parle ici de la connaissance par l’esprit, puisqu’il ajoute aussitôt : Et ne le connaît pas. Nous savons qu’il emploie le mot "voir" au sens de connaissance très claire. Par "le monde" il entend ici les méchants, et c’est là un réconfort pour les disciples, que leur soit accordé un don de choix. <>

Il annonce un Défenseur autre que lui ; il affirme que ce Défenseur ne les quittera pas ; il ajoute qu’il viendra uniquement pour eux, comme le Christ lui-même est venu. Il déclare enfin qu’il va demeurer en eux, mais ce n’est pas ainsi qu’il dissipe leur chagrin, car c’est lui qu’ils veulent, c’est sa compagnie. Et il dit pour les apaiser : Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.

Ne craignez pas, dit-il. Si j’ai promis d’envoyer un autre Défenseur, ce n’est pas que je veuille vous abandonner pour toujours. En disant : Pour qu’il soit toujours avec vous, ce n’est pas en ce sens que je ne vous verrai plus. Car, moi aussi, je reviens vers vous, je ne vous laisserai pas orphelins.

 

Sermon de saint Augustin, évêque

Nous devons aujourd’hui expliquer ces paroles du Seigneur : " Si vous demandez quelque chose au Père en mon Nom, il vous l’accordera. " " En mon Nom " : par ces mots il faut entendre non pas une manière toute matérielle de nommer le Seigneur, mais le sens véritable de ce nom. Celui qui pense donc au sujet du Christ des choses qui ne conviennent pas au Fils unique de Dieu ne prie pas en son nom, même s’il le nomme matériellement. Celui, au contraire, qui a de lui les sentiments qui conviennent, celui-là prie en son nom et reçoit ce qu’il demande pourvu qu’il ne demande rien de contraire à son salut. Et il reçoit ce qu’il demande au moment opportun. Certaines demandes ne sont pas refusées, mais différées pour un moment plus convenable.

" Demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite. " Ce qu’il appelle la joie parfaite n’est pas une joie selon la chair, mais la joie de l’esprit. Elle sera telle lorsque rien ne pourra y être ajouté : ce sera alors la joie parfaite. Nos demandes qui ont trait à cette joie doivent être faites au nom du Christ, si nous comprenons ce qu’est la grâce divine, si nous recherchons vraiment la vie bienheureuse. <>

" Je vous ai dit toutes ces choses en paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement de mon Père. " Je dirais volontiers que l’heure dont il s’agit est le monde à venir où nous le verrons clairement, ou, comme dit l’Apôtre " face à face ". " Je vous ai dit ces choses en paraboles " reviendrait au même que ces mots de l’Apôtre : " Nous voyons maintenant dans un miroir, d’une manière confuse. " " Je vous parlerai ouvertement de mon Père " parce que le Père sera vu par le Fils selon ce qu’il dit ailleurs : " Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils voudra le révéler. " Mais la suite paraît interdire une telle interprétation : " En ce jour-là vous demanderez en mon nom. " Dans le monde à venir, quand nous serons entrés dans le Royaume, quand nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est, que pourrions-nous bien demander quand notre désir sera comblé ? Dans un psaume il est bien dit : je serai comblé lorsque ta gloire apparaîtra. La demande manifeste toujours une certaine indigence, mais il ne saurait y avoir d’indigence, là où tout désir sera comblé. <>

" Le Père lui-même vous aime parce que vous m’aimez. " Nous aime-t-il donc parce que nous l’aimons ou bien l’aimons-nous parce qu’il nous aime ? C’est l’évangéliste lui-même qui nous donne la réponse dans son épître : Nous l’aimons, dit-il, parce qu’il nous a aimés le premier. Voilà d’où vient que nous l’aimons : c’est que nous sommes aimés. C’est un don de Dieu d’aimer Dieu. Lui-même nous permet de l’aimer, lui qui nous a aimés alors que nous ne l’aimions pas. Nous avons été aimés alors que nous étions loin d’être aimables, afin qu’il y ait en nous quelque chose d’aimable. Le Père nous aime parce que nous aimons le Fils. Le Père et le Fils nous ont donné l’amour pour les aimer. L’Esprit du Père et du Fils a répandu l’amour en nos coeurs et par cet Esprit nous aimons le Père et le Fils et cet Esprit nous l’aimons avec le Père et le Fils. Dieu est donc l’auteur de cet amour saint par lequel nous l’aimons et il a vu que cela était bon. C’est pourquoi il a aimé ce qu’il a fait. Mais il n’aurait pas fait en nous ce qu’il aimait s’il ne nous avait aimés avant de le faire.

v. 15 : Ad gentes 4 - La mission du Saint-Esprit

4 Mais pour le réaliser pleinement, le Christ a envoyé d’auprès du Père le Saint-Esprit, qui accomplirait son oeuvre porteuse de salut à l’intérieur des âmes et pousserait l’Eglise à s’étendre. Sans l’ombre d’un doute le Saint-Esprit était déjà à l’oeuvre avant la glorification du Christ (5). Pourtant, le jour de la Pentecôte, il descendit sur les disciples pour demeurer avec eux à jamais Jn 14,16 ; l’Eglise se manifesta publiquement devant la multitude, la diffusion de l’Evangile commença avec la prédication ; enfin fut préfigurée l’union des peuples dans la catholicité de la foi, par l’Eglise de la Nouvelle Alliance, qui parle toutes les langues, comprend et embrasse dans sa charité toutes les langues, et triomphe ainsi de la dispersion de Babel (6). Car c’est à la Pentecôte que commencèrent " les actes des apôtres ", tout comme c’est lorsque le Saint-Esprit vint sur la Vierge Marie que le Christ fut conçu, et lorsque le même Esprit-Saint descendit sur le Christ pendant sa prière que le Christ fut poussé à commencer son ministère (7). Le Christ Jésus lui-même, avant de donner librement sa vie pour le monde, a de telle sorte organisé le ministère apostolique et promis d’envoyer le Saint-Esprit, que ce ministère et cette mission sont tous deux associés pour mener à bien, toujours et partout, l’oeuvre du salut (8). A travers toutes les époques, c’est le Saint-Esprit qui " unifie l’Eglise tout entière dans la communion et le ministère, qui la munit des divers dons hiérarchiques et charismatiques "(9), vivifiant à la façon d’une âme (10) les institutions ecclésiastiques et insinuant dans les coeurs des fidèles le même esprit missionnaire, qui avait poussé le Christ lui-même. Parfois même il prévient visiblement l’action apostolique (11), tout comme il ne cesse de l’accompagner et de la diriger de diverses manières (12).

(5) C’est l’Esprit-Saint qui a parlé par les prophètes : Symb. Constantin. : DS 150. St Léon le grand, sermon 76 : PL 54, 405-406 : Quand au jour de la Pentecôte l’Esprit-Saint remplit les disciples du Seigneur, ce ne fut pas le début d’un don mais une largesse surajoutée à d’autres : les patriarches, les prophètes, les prêtres, les saints qui vécurent aux temps anciens ont été nourris du même Esprit sanctifiant ... bien que la mesure des dons ait été différente. Etiam sermo 77, 1 : PL 54, 412. Léon XIII, encyc. Divinum illud : ASS 1897, 650-51. Etiam St Jean Chrysostome bien qu’il insiste sur la nouveauté de la mission du St Esprit au jour de la Pentecôte : In Eph. c. 4, hom. 10,1. (6) De Babel et Pentec. saepe loquuntur Ss. Patres : Origènes, In Genesim, c. 1 : PG 12, 112. St Grégoire de Naz. Oratio 41, 16 : PG 26, 449. St Jean Chrysost. Hom. 2 in Pentec. 2, PG 5O, 467. Id Act. Apost. PG 60, 44. St Augustin, En. in Ps. 54, 11 : PL 36, 636 ; CChr.39, 664 s. ID. Sermo 271 : PL 38, 1245. St Cyrille d’Alex. Glaphyra in Genesim II : PG 699, 79. St Grégoire M.Hom. in Evang., lib. II, hom.30, 4 : PL 76, 1222. st Bède, in Hexaem. lib. III : PL 91,125. L’Eglise parle toutes les langues et ainsi rassemble tous les hommes dans la catholicité de la foi St Augustin sermons 266, 267, 268, 269 : PL 65, 743-744. sur la Pentecôte comme consécration des apôtres à la mission , cf. J.A. Cramer, Catena in Acta SS. Apostol. Oxford 1838, pp. 24 s. (7) Lc 3,22 ; Lc 4,1 ; Ac 10,38 . (8) Jn 14-17 . Paul VI, Alloc. in Concile habita du 14/09/1964 : AAS 56 (1964), p. 807.

 

vv. 14-16 : Dominum et vivificantem 1. La promesse et la révélation de Jésus au cours du repas pascal

3 Quand pour Jésus Christ l’heure était venue de quitter ce monde, il annonça aux Apôtres " un autre Paraclet " (16). L’évangéliste Jean, qui était présent, écrit que, au cours du repas pascal, la veille de sa passion et de sa mort, Jésus leur adressa ces paroles : " Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils... Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais, l’Esprit de vérité " (17).

Cet Esprit de vérité, précisément, Jésus l’appelle le Paraclet - et Parakletos veut dire " consolateur ", et aussi " intercesseur " ou " défenseur ". Et il dit qu’il est "  un autre "  Paraclet, le second, parce que Jésus Christ lui-même est le premier Paraclet (18), car il est le premier qui porte et donne la Bonne Nouvelle. L’Esprit Saint vient après lui et par lui pour poursuivre dans le monde, grâce à l’Eglise, l’oeuvre de la Bonne Nouvelle du salut. Cette continuation de son oeuvre par l’Esprit Saint, Jésus en parle plus d’une fois pendant le même discours d’adieu ou il préparait les Apôtres, réunis au Cénacle, à son départ, c’est-à-dire à sa passion et à sa mort sur la Croix.

Les paroles auxquelles nous nous référerons ici se trouvent dans l’Evangile de Jean. Chacune d’elles ajoute un contenu nouveau à cette annonce et à cette promesse. En même temps, elles sont étroitement reliées les unes aux autres, non seulement dans la perspective des mêmes événements, mais aussi dans la perspective du mystère du Père, du Fils et de l’Esprit Saint qui n’est sans doute exprimé avec autant de relief dans aucun autre passage de la Sainte Ecriture.

16 allon paracleton : Jn 14,16

17 Jn 14,13 ; Jn 14,14-16 ; Jn 17

18 Cf 1Jn 2,1

 

v. 18 : Ste Thérèse, " Jésus rappelle-toi ", str. 28

" Ma fille, recherche celles de mes paroles qui respirent le plus d’amour ; écris-les, et puis les gardant précieusement comme des reliques, aie soin de les relire souvent. Quand un ami veut réveiller au cœur de son ami la vivacité première de son affection, il lui dit : souviens-toi de ce que tu éprouvais, quand tu me dis un jour telle parole, ou bien : Te rappelles-tu de tes sentiments à telle époque, un tel jour, en un tel lieu ?... Crois-le donc, les plus précieuses reliques de moi sur la terre sont les paroles de mon amour, les paroles sorties de mon très doux Cœur " (NS à Ste. Gertrude).

Rappelle-toi que montant vers le Père

Tu ne pouvais nous laisser orphelins

Et te faisant prisonnier sur la terre

Tu sus voiler tous tes rayons divins

Mais l’ombre de ton voile est lumineuse et pure

Pain Vivant de la foi, Céleste Nourriture

O mystère d’amour !

Mon pain de chaque jour

Jésus, c’est Toi !...

v. 18 : Ste. Thérèse ; Les anges à la crèche

L’ange de la Résurrection

Bientôt, divin Enfant, je te contemplerai montant glorieux à la droite du Père... Alors tous les anges seront dans l’allégresse, ils s’empresseront d’ouvrir les portes éternelles pour te recevoir, o Roi de gloire !...

Mais que deviendront les pauvres exilés de la terre ?... Seront-ils toujours orphelins ?...

Jésus

16. Je remonterai vers mon Père

Afin d’attirer mes élus

Après l’exil de cette terre

En mon cœur, ils seront reçus.

17. Quand sonnera la dernière heure

Je rassemblerai mon troupeau

Et dans la céleste demeure

Je lui servirai de flambeau.